Axes de recherche

Le projet du Laboratoire DECRYPTA s’inscrit dans trois axes thématiques qui permettent des échanges et des recoupements avec une finalité comparatiste. D’un axe à l’autre, nous établirons des recherches (traductions, analyses, interprétations) aussi bien en lettres qu’en sciences humaines en partant des sources documentaires primaires mises à notre disposition.

Axe 1. Doctrines, Traditions et Religions dans l'Antiquité

Contrairement aux jugements sommaires et controuvés, la pensée antique ne se réduit pas à des pitreries métaphysiques. Certes, nous sommes en présence de pensées et modes de vie vieillis, de textes écrits dans des langues considérées par la majorité comme mortes, de ce fait inutiles, de concepts et notions difficilement déchiffrables et interprétés de mille façons, mais qui n’ont rien perdu de leur tranchant. En vérité, les anciens nous parlent avec force, comme si nous étions leurs contemporains. De la mythologie traditionnelle à l’avènement des savoirs rationnels, nous tenons des anciens un système d’enseignement étendu qui englobe aussi bien l’univers que l’être humain.

L’axe 1, intitulé doctrines, traditions et religions dans l’antiquité, se propose de rendre accessible une série d’études percutantes et précises sur les principes fondateurs et les croyances infiniment riches qui ont fait de la pensée antique une pensée destinée à « survivre à jamais ». « Doctrines », « traditions » et « religions » : la vastité des notions traitées dans cet axe invite la réflexion à s’inscrire dans des domaines diverses comme la théologie, la littérature, la philosophie, la psychologie, la philologie, l’ethnologie, la politique, l’éducation, l’histoire, etc. Toutefois, pour gagner en précision, il faut garder à l’esprit que malgré les diverses tendances qu’elle a épousées, la pensée antique s’est essentiellement souciée du bonheur de l’être humain, dans ses rapports avec la nature et les dieux.   

Pour bien appréhender le phénomène religieux dans l’antiquité grecque par exemple, il nous faudra étudier les rapports très intimes qu’il entretient avec l’art, la littérature, la politique et même la philosophie. Ainsi, les outils conceptuels et les approches qui tentent de définir le phénomène apparaissent protéiformes. Encore est-il que la religion était dans la Grèce antique un instrument de rassemblement collectif qui comportait un aspect social, politique et civique. A cet égard, il nous faudra adopter une démarche empirique et étendre la recherche aux cérémonies collectives lors desquelles chaque citoyen se devait d’être présent (les panathénées, les Cronia, les Sunoîkia, les fêtes d’Eleusis, les Boédromia, les Grandes Dionysies, etc.,) et aux pratiques rituelles (prière, sacrifices purificatoires, offrandes, etc.,) que la tradition a su transmettre de génération à génération.

Aussi, à considérer certains rites et éléments de la psychologie puritaine, on se rendra compte que la Grèce demeure tributaire de l’Egypte ancienne et d’autres cultures. Une approche comparative jettera un jour nouveau sur les influences orientales et africaines qui se sont exercées sur cette civilisation.

AXE 2. Médecine de l'Antiquité à nos Jours

Dans le cadre de l’axe 2, qui a pour titre Médecine de l’Antiquité à nos jours, les objectifs d’études visés portent fondement sur des réflexions relatives aux questions médicales, en particulier sur les méthodes et pratiques des différentes écoles médicales, soit irrationnelles ou naturelles (magie, religion, charlatanisme), soit rationnelles. Il porte ses recherches sur les problématiques de la médecine, à titre personnel ou collectif, synchroniquement ou diachroniquement, en Égypte, en Grèce, à Rome et en Afrique actuelle.

Spécialisé, d’abord, dans les questions d’histoires, de civilisations et de langues anciennes, le Laboratoire DECRYPTA a acquis, à l’échelle nationale et internationale, une expérience unique, qu’il met au service de l’École doctorale Arts, Cultures, Civilisations (ED-ARCIV) de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, dans l’étude des différentes écoles médicales et leurs méthodes et pratiques de traitements des maladies dans les sociétés gréco-romaine et africaine.

Cette spécificité permettra non seulement aux étudiants actuels et futurs de continuer, d’enrichir et d’approfondir les travaux de leurs prédécesseurs, mais aussi de revoir les perspectives de recherches et de découvertes, et les méthodes mises en œuvre pour définir et analyser les différentes écoles de médecine de l’Antiquité gréco-romaine, et d’envisager les différentes branches de la médecine dans les sociétés grecques, romaines et africaines : le corps, l’étiologie (l’étude des causes des maladies), la sémiotique (le pronostic, le diagnostic fondés sur l’observation des signes des maladies et de leurs guérisons), thérapeutique (le traitements des maladies), l’hygiénique, la chirurgie, le régime, la chirurgie, la pharmacologie (les médicaments et remèdes), les formes et voies d’expérience et d’expérimentation, la guérison des maladie, la gastromargie (maladie spirituelle, éducation), etc. Les recherches s’inscrivent dans des perspectives synchroniques et diachroniques qui associent des chercheurs antiquisants, modernistes et contemporains qui fondent leurs travaux sur des traductions et commentaires philologiques, l’histoire, l’archéologie, l’épigraphie des sources latines, grecques et africaines.

En somme, nous organisons désormais nos recherches en fonction de ces orientations. Les collègues qui travaillent dans cet axe peuvent contribuer à des recherches communes grâce à la structuration simplifiée que nous avons mise.

AXE 3. Statuts et Rapports sociaux 

Les notions de « statuts sociaux » et de « rapports sociaux » se rattachent à une multitude de niveaux de connaissance ou d’expérience divers. Les réflexions autour d’elles s’inscrivent dans des domaines comme l’histoire, le droit, la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, l’analyse littéraire ou philosophique. Le troisième axe se veut donc pluridisciplinaire et interdisciplinaire. Il rassemble tous travaux de chercheurs qui explorent ou interrogent les situations individuelles et collectives, la vie en communauté et les interactions intergroupes depuis l’Antiquité. Il passe en revue des thématiques aussi intéressantes que les questions identitaires, les libertés des personnes et des groupes, les inégalités sociales, l’éducation, la politique, les institutions, les activités, la vie quotidienne, pour ne citer que celles-là.

Les recherches privilégient deux approches. La première approche étudie l’époque antique et tardo-antique pour elle-même, d’un point de vue historique, diachronique ou synchronique, sur une ou plusieurs aires culturelles. L’exploitation de diverses sources – littéraires, archéologiques, épigraphiques, numismatiques – qu’offre cette période permettra d’explorer plusieurs thèmes : les notions de responsabilité, catégorie sociale, féminité, classes d’âge, sexualité ; de servitude ou esclavage, domination, guerre et paix ; de classes sociales, régimes politiques ; d’initiation, instruction, famille, mariage ; de conquête (culturelle, religieuse, militaire) et colonisation, genre et pouvoir, hommes politiques ; de mœurs.

La seconde voudrait apporter un éclairage de cette période historique à travers des réalités vécues en Afrique, avec les structures de base traditionnelles. Parallélisme et comparatisme pourront ainsi être choisis, même si l’on sait que le décalage historique et la distance géographique rendent difficile toute analyse scientifique indiscutable et que l’oralité est caractéristique du continent africain. Nous n’excluons pas, toutefois, toute étude usant des méthodes d’analyse modernes sur des thèmes en croisement ou en prolongement des théories de l’Antiquité.